Révolution égyptienne de 2011

De TravauxIndse

Révolution Égyptienne (2011) : d'un dictature à un révolution

Au départ, mon travail devait porter sur l'Égypte et sa politique non démocratique, cependant il a pris une tournure tout à fait différente lorsque la « révolution du Jasmin » éclata en Tinisie. Ce mouvement de révolte a démarré le premier « jour de colère », le 25 janvier (2011) au Caire sur la place Tahrir pour ensuite s'étendre dans tout le monde arabe. Suite à cela, je me demande quel a été l'élément déclencheur pour que tout un peuple se révolte contre son gouvernement. Début septembre (2010) un article est encore paru dans courrier international avec comme titre « Un système politique que rien ne peut ébranler » (voir document 2 en annexe), titre qui semble aujourd’hui ironique. Pour se faire, je vais commencer par expliquer la politique intérieur du (l’ancien) régime. Ensuite je vais parler de différents niveaux ; culturel, religieux, social, juridique et médiatique. Pour enfin terminer par la vision du reste du monde et l’impact qu’a pu avoir cette révolte sur nous.

Le système politique en Egypte était très simple, c’était un semblant de démocratie. Il y avait un président (Hosni Moubarak*) qui depuis 30 ans parlais de réformes démocratiques, des élections législatives organisées sur 2 tours et un parlement. Malheureusement rien n’était réel. Les élections étaient truquées car il n’y avait aucune opposition donc le scrutin était jugé gagné d’avance par le parti du régime, le PND* (Parti National Démocrate).

Les partis dit de l’opposition ne faisaient que suivre les ordres du régime. Une grande partie de la population était contre le régime mais il lui manquait un parti leader qui organiserait cette masse en réelle opposition. Le seul groupe véritablement opposant étaient et sont toujours « les Frères musulmans »*, mais le régime refusait de le reconnaitre en tant que parti politique, il était interdit mais toléré. De plus leur but n’était pas démocratique mais religieux.

Tous les ministres étaient choisis par le président Hosni Moubarak donc seule leur allégeance envers le parti compte et non leurs compétences comme dans une vraie démocratie. De plus les ministres n’étaient jamais responsables de leurs erreurs. Comme par exemple, début septembre 2010, un tableau de Van Gogh a été dérobé en plein jour dans un musée au Caire. Un tel scandale aurait directement mis fin à la carrière politique du ministre en charge de cette affaire. Cependant nous sommes en Egypte, et le ministre de la culture Farouk Hosni, tenu responsable de ce vol, n’a écopé de rien car il a toute la confiance du président. Cette faveur n’était pas seulement valable pour lui mais pour tous les autres ministres. Tel que le ministre chargé de l’énergie, Hassan Younes, qui disait que le réseau de distribution égyptien était un très bon état jusqu’au jour où une grande partie de l’Égypte fut coupée d’électricité durant une grande partie du dernier ramadan. Il s’est avéré que cette coupure était due à un manque de gaz dans une centrale car ils en exportent trop vers Israël.

C’était aussi un régime à mentalité militaire (d’après l’écrivain Alaa Al-Swani*) placé au centre d’un monde arabe prisonnier d’une monoculture. Conséquence l’Égypte manque d’ouverture sur le reste du monde et avec un peu de travail, cela va très bientôt changé. Ainsi le régime soutenait les Islamistes qui en Juin 2010 voulaient faire interdire « les milles et une nuit », grand classique de la littérature arabe, en Egypte. Heureusement cette fois-ci les artistes se sont mobilisés alors qu’ils osaient très rarement s’opposer aux censures mises en place par le régime. Sous Nasser*, tout le pouvoir découlait de lui. Cependant il laissait une grande liberté aux intellectuels, même des œuvres très critiques envers son régime étaient autorisées et il a même aidé à développer le monde artistique égyptien. Or sous Moubarak, il n’y avait aucune liberté. Les intellectuels étaient soit avec le régime, soit contre, mis sous silence et souvent en exil. Le ministre de la culture avait même avoué avoir acheté des intellectuels grâce à des intéressements financiers provenant directement de son ministère. Ce qui avait pour conséquence que la population intellectuelle n’osait pas se rebeller, sinon on leur coupe les vivres.

Même la presse qui est constituée d’un grand nombre d’intellectuels soutenait le régime. Le quotidien égyptien « Al Ahram » est allé jusqu’à trafiqué une photo du sommet de Charm El-Cheikh (14septembre 2010) pour mettre en avant son président qui en réalité se trouvait tout derrière. Ce truquage a valu au plus grand quotidien du pays beaucoup de critiques. C’est un manque de professionnalisme et la preuve que le régime contrôlait tout. Les médias officiels empêchaient les gens de réfléchir en les parasitant avec le football, la religion et les feuilletons dépassés.

Ne parlons même pas de la justice où la torture y était toujours pratiquée à grande échelle dans les prisons. Les juges étaient certes indépendants en revanche, pas la justice. C’était le président qui nommait le procureur général et le ministre de la justice, qui nommait à son tour les juges. On peut en déduire donc que c’était le président qui était responsable de la torture infligée au prisonniers égyptiens.

La population égyptienne est aussi très pauvre. Les profits n’allaient qu’au gouvernement alors que le taux de chômage est très élevé (9,3% officiellement mais plus de 20% selon les experts nationaux), 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté, tout en ayant un niveau de soin de santé et éducatif déplorable. D’ailleurs les Frères musulmans sont tolérés grâce à l’aide qu’ils apportent aux déshérités et aux écoles et dispensaires qu’ils mettent à disposition de la population gratuitement. Cependant l’Égypte a la chance d’avoir une population jeune et dynamique qui a la volonté de changer.

C’est ainsi que nous arrivons enfin au 25 janvier 2011 où la révolution débuta. Les rebelles de la place Tahrir était à la base un collectif de jeunes qui ont lancé un appel à la manifestation sur le site Facebook. Cet appel fut suivi par la population. Les frères musulmans ont ensuite mobilisé leurs troupes tout en jouant la prudence pour renforcer le mouvement de contestation, sans pour autant en prendre tête.

Sans pour autant en prendre tête, les frères musulmans ont ensuite mobilisé leurs troupes pour renforcer le mouvement contestataire, alors qu’au tout début ils préféraient jouer la prudence. Il y a de gros enjeux politiques, le plus gros pour eux est une place digne de ce nom dans le monde politique égyptien. Toutefois leur programme reste flou ; Premièrement au niveau de la paix avec Israël, ils restent très ambigus tout en clamant le droit à la contestation et en s’engageant à respecter les accords internationaux signés par l’Égypte. Néanmoins ils renoncent à toute forme de violence et reprennent les revendications laïques, tel que la protection des libertés, la défense des droits de l’homme, et le droit à une bonne gouvernance en ajoutant que l’application de la Charia* n’est pas leur priorité. Leur avenir politique aura des répercutions sur tout le monde arabe car désormais deux grands courants vont le prédominer, au moment où la république Islamique se réjouit de voir tomber un régime qui a conclu des accords de paix avec l’État Juif.

En embrayant sur la révolution en Tunisie, cette révolution est aussi l’élément déclencheur de toutes les révolutions qui s’en sont suivies. En 2007, Alaa Al-Swany affirmait déjà que l’Égypte déterminerait l’avenir du monde arabe. Pour illustrer son propos, il prit comme exemple la révolution qui a eu lieu en 1952* en Égypte pour se répandre en cascade dans tout le monde arabe, tout comme quand l’Égypte opta pour le socialisme et le reste des pays arabes la suivi.

Il n’y a pas eu que des impacts sur le monde arabe, les occidentaux aussi ont peur de voir le monde arabe changer. Tel que la monter des extrémistes au pouvoir, les enjeux énergétiques (pour l’Égypte, gaz et pétrole, le canal de Suez*). D’autre part, cette révolution installa un climat d’insécurité et pour le conflit Israelo-palestienien*, l’insécurité est le plus redouté. Israël étant dans un état critique mais stable, sa plus grande crainte est l’instabilité.

En conclusion, il est vrai que l’Égypte à encore beaucoup de chemin à parcourir sur celui de la démocratie comme nous l’entendons. Au niveau économique et social, elle est très loin des pays occidentaux et plus le fossé social est grand, plus il est difficile de trouver un accord démocratique qui contente un grand nombre de la population. Pourtant elle est apte à y accéder. Son histoire en est la preuve, elle a le plus d’expérience en matière démocratique. Elle est la première à avoir un parlement et une constitution dans le monde arabe et en 1920, le premier ministre au pouvoir à cette époque, a organisé des élections libres dont il a accepté le verdict malgré la victoire de son adversaire. Il y a également une réelle lutte entre démocratie et dictature, la population a vraiment envie de changement, cette révolution le prouve bien. 


  • Glossaire :

Mohammed Hosni Moubarak : Après une carrière militaire, il a été le vice-président de la République arabe d'Égypte de 1975 à 1981. Il succède ensuite au président de la République Anouar el-Sadate après son assassinat en octobre 1981 en remportant l’élection. Enfin il est resté au pouvoir jusqu'à sa démission contrainte le 11 février 2011, conséquence due à la révolution de 2011. Désormais l’ex-président risque la peine de mort si sa responsabilité est prouvée pour les morts causées durant la révolution.

PND : Parti National Démocrate, est parti de l’ancien régime égyptien créé en 1928 par le président Anouar el-Sadate, pour remplacer l’Union socialiste arabe créée par Gamal Abdel Nasser.

Les frères musulmans d’Égypte : C’est une organisation fondée en 1928 en Égypte avec comme objectif une renaissance islamique, la lutte officiellement non-violente contre l’influence occidentale et la lutte contre l’État d’Israël qui fait partie de leur objectif depuis le début de sa création. C’est aussi en Égypte le premier groupe d’opposition au régime. Cependant cette organisation n’est pas reconnue en tant que parti, elle est simplement tolérée et non légale. (Historique, voir document 5, encadré).

Alaa Al-Aswani : Il est un écrivain égyptien exerçant le métier de dentiste au Caire après 7ans d’exil. Il est aussi connu pour être très critique vis-à-vis du régime.

Gamal Abdel Nasser : Il était le deuxième président de la République d'Égypte après Mohammed Naguib. Nasser fut un chef qui réforma son pays et rétablit la fierté arabe autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Il a permis aux plus démunis de suivre une éducation normale. Il a également joué un rôle important au niveau culturel, comme les arts, les théâtres, les films, l'industrie musicale et la littérature. (Historique de la politique Egyptienne, voir doc.7, p.49, Repères).

Charia : est l’ensemble des normes doctrinales, culturelles, morales et relationelles édictées par la « Révolution ». Le terme utilisé en arabe dans le contexte religieux signifie : « Chemin pour respecter la loi [de Dieu] ». Il est d’usage de désigner en Occident la Charia par le terme de loi islamique.

Révolution de 1952 : Le royaume d’Égypte était miné par la corruption. Cela, combiné avec la défaite dans la guerre israélo-arabe, conduit à la Révolution égyptienne de 1952 dirigée par un groupe d'officiers de l'armée appelé le Mouvement des officiers libres.

Canal de Suez : Le canal de Suez est un ouvrage d'art situé en Égypte, long de 193,3 km, large de 280 m à 345 m et profond de 22,5 m, qui relie, via trois lacs naturels, la ville portuaire de Port-Saïd sur la mer Méditerranée et la ville de Suez sur le golfe de Suez (partie septentrionale de la mer Rouge), permettant ainsi de relier les deux mers.

Conflit Israélo-palestinien : Le conflit israélo-palestinien désigne le conflit qui oppose, au Proche-Orient, les Palestiniens et l'État d'Israël. Débutant officiellement le 14 mai 1948, jour de la création de l'État d'Israël, il prolonge le conflit qui opposait depuis les événements de Nabi Moussa de 1920 les communautés arabe et juive de la région de Palestine. Ce conflit, non résolu à ce jour, est à caractère principalement nationaliste, mais il inclut également une certaine dimension religieuse (entre les Israéliens, principalement de religion juive, et les Palestiniens, à majorité musulmane).  


  • Bibliographie :

• ACHRAF ABOU JELATAT. Arrêt sur image truquée. Courrier international n°1038, 23 au 29-09-2010

• ALAA AL-SWANI. Un système politique que rien ne peut ébranler. Courrier international n°1035, 2 au 16-09-2010

• MOHAMMED AL-HAMAMS. Pourquoi l’Égypte doit se réveiller ?. Courrier international n°844, 4 au 10-01-2007, p.40-41

• MOHAMMED FATHI. « En réalité, il n’y a pas d’élections ». Courrier international n°1048, 2 au 8/10/2010

• TANGUI SALAÜN. Au pays des milles et une censures. Le VIF l’express, 18 au 24-06-2010, p. 66

• T. S. et D. S. Égypte : ce que veulent les Frères ?. Le VIF l’express, 11-02-2011, p.54-57

• V.H. Égypte : Les tourments du « Pharaon ». Le VIF l’express, 18-11-2005, p.44-52

• V.H. Israël face au réveil arabe. Le VIF l’express, 11 au 17-02-2011, p.47-53